lundi 21 février 2011

Yuck - Yuck (2011, Fat Possum)


Yuck - Yuck (Fat Possum, 2011, 49 mns)
Eric F.

Il fût une époque, pas si lointaine, où Fat Possum était le sanctuaire idéal pour vieux bluesmen aussi déjantés qu'indispensables (R.L. Burnside ou T Model Ford par exemple) et leurs fidèles suiveurs (Bob Log III, Black Keys...). Mais un coup d'oeil au roster actuel du label du Mississipi indique désormais un impressionnant et salutaire virage puisqu'on retrouve parmi les dernières signatures en date des artistes tels que Smith Westerns, les Walkmen ou encore Andrew Bird.


Et le moins que l'on puisse dire c'est que la stratégie s'avère plus que payante, puisqu'après l'excellent Cape Dory de Tennis (on y reviendra), le label nous propose un nouvel album qui risque fort de truster les places d'honneur dans les traditionnels classements de fin d'année avec ce premier disque des anglais de Yuck.

Si on n'aurait donc pas imaginé croiser un tel groupe en ces lieux il y à quelques années, Yuck ne laisse pas de place au moindre doute concernant ses capacités en balançant d'entrée deux titres totalement imparables (les irrésistibles Get Away et The Wall), comme des manifestes de l'esprit et de l'esthétisme qui caractérisent le jeune quatuor.
Des guitares franches et incisives qui semblent vouloir tout donner sans jamais compter, on est ici en terrain archi-connu : Yuck a décidé de rendre hommage à tous ses héros musicaux, réunis sous la bannière quelque peu fourre-tout du rock indé des années 90. Qui d'un solo épileptique digne des grandes heures de Dinosaur Jr., qui d'une structure bancale que n'aurait pas reniée Stephen Malkmus et Pavement. Le groupe n'hésite pas non plus à regarder de son côté de l'Atlantique sur quelques ballades nous rappelant au bon souvenir de Teenage Fanclub (filiation plus qu'évidente sur l'apaisé Shook Down).
Mais si Yuck est une telle réussite, c'est également parce que le disque dépasse allègrement le simple statut d'enthousiasmant pot-pourri. La somme des influences du groupe ne suffit pas à expliquer toutes ses vertus : Suicide Policeman, par exemple, démarre comme un hommage appliqué au regretté Elliott Smith avant de dévoiler un aspect de Yuck beaucoup plus personnel. Le groupe fait de plus preuve d'une versatilité assez réjouissante et semble être capable de toucher à tout avec la même réussite. Rubber en est un parfait exemple, du long de ses sept minutes aussi planantes que lacérées d'une distortion qui sera à même de faire oublier aux plus ardents fans de My Bloody Valentine que Kevin Shields est toujours coincé dans son rôle d'Hibernatus.

Une telle maturité sur un premier album aurait presque quelque chose de louche tant Yuck a réussi à apprivoiser avec brio tous les codes d'un genre qui semble regagner de sa superbe, mois après mois. On ne peut qu'imaginer que les concerts du groupes confirmeront allègrement cette fort belle promesse. Quiconque s'est intéressé au rock indé ces vingt dernières années y trouvera indubitablement son compte...

01. Get Away
02. The Wall
03. Shook Down
04. Holing Out
05. Suicide Policeman
06. Georgia
07. Suck
08. Stutter
09. Operation
10. Sunday
11. Rose Gives A Lily
12. Rubber

Le site de Yuck

L'album en stream intégral


2 commentaires:

Half Bob a dit…

J'adore cet album! Bravo pour cette chronique, et pour ce blog tout neuf!

grampish a dit…

Cher Half Bob, il me semble que nous partageons énormément de groupes fétiches... Parole de fan de Gimme Indie Rock !

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