La fausse bonne musique en France, épisode III : Julien Doré, le Vichyste

Ah Julien Doré. Petite salope de Julien Doré. Il représente sans bien sûr s’en rendre compte la piteuse image que connaît une certaine musique française depuis les années trente. Julien Doré, c’est la suite logique de Maurice Chevalier et de cette époque ridicule que sont les yéyés. Julien Doré, c’est un chansonnier branchouille, pétainiste et à tendance métrosexuelle.

Alors déjà, remettons certaines choses à leur place. En aucun cas La Nouvelle Star n’était une bonne émission. C’était juste un programme de télé-réalité de plus, un radio-crochet minable où des tocards en manque d’égo succédaient à des abrutis congénitaux, un karaoké beauf à la sauce franchouillarde où les membres du « jury » faisaient aussi pitié que les « candidats » en face d’eux. Et c’est quelque chose d’éminemment triste que d’avoir retrouvé comme star de cette émission le rédacteur en chef de la principale revue consacrée au rock en France. Mais passons. Donc Julien Doré a un jour remporté ce jeu télévisé. Puis, quelques temps plus tard, il est devenu un artiste. En comparaison, c’est comme si un gagnant du Juste Prix devenait ministre des Finances. Ou qu’un participant à Motus entrait à l’Académie française.

En 2004, Perry Anderson, un historien anglais, avait publié dans la prestigieuse London Review Of Books un essai critique sur la culture française intitulé La Pensée Tiède où il revenait entre autres sur la fadeur consensuelle des élites intellectuelles du pays. C’est pour cela que nous avons lancé cette série sur cette fausse bonne musique qui ravage notre contrée. Il est ainsi saisissant de constater qu’une civilisation comme la France, marquée par une longue histoire d’universalité, se contente ces dernières années de se vautrer dans la contemplation larvée de son foutu nombril. Des personnes comme Julien Doré, Bernard Henri-Lévy et bien d’autres sont des fumisteries ambiantes et l’audience dont ils bénéficient prouve à quel point on a cessé d’être exigeant dans ce pays.

Il faudrait plus d’un webzine pour démontrer par ailleurs le mal insidieux qu’a causé Paris au rock français. Cette consanguinité de salon, qui enlève tout sens critique et qui omet toute remise en question, a permis à des groupes comme les BB Brunes d’exister. Et c’est cette même consanguinité qui a fait de Julien Doré un artiste. Qui se veut décalé, forcément. C'est la posture qu'adoptent tous ceux qui n'ont pas de talent.

Lt. Speirs 

Episode I : Yodelice, coma caméléon 
Episode II : Cocoon, Burn, Ukulélé, Burn