jeudi 4 août 2011

La fausse bonne musique en France, épisode I : Yodelice, coma caméléon


Laissez-moi donc vous raconter ma première confrontation avec Maxim Nucci, désormais plus connu sous le sobriquet de Yodelice - cet alias venu d’un monde imaginaire dont la mythologie a sûrement donné moult frissons amorphes à des cohortes d’âmes innocentes n’ayant jamais lu de livres, écouté de musique ou vu de films depuis trente bonnes années.

En 2004, j’étais pur, virginal, blindé à toute épreuve contre l’appréhension même de l’existence de ce garçon. J’étais à peine au fait du concept Jenifer, sa première véritable muse, et lorsque j’interviewais les L5 en janvier 2003, la question de leurs compositeurs ne fut pas abordée. Pour ceux que ça intéresse, sachez que quand vous vous trouvez pour la quatrième journée consécutive à un festival de film humoristique en haute montagne, que vous ne skiez pas et que les séances commencent à 17h, après trois pintes et une cigarette qui fait rire, faire un entretien à vocation non-sensique avec cinq produits marketing sur pattes venus défendre leur doublage de La Famille Delajungle : le film vous semble une bonne idée. Encore plus quand l’une d’entre elles, à la question de savoir comment elles défendraient le film devant un jury international, vous répond « Et bien je crois que je mourrirais moins conne parce que j’aurais fait un doublage ».

Mais revenons à la pureté et à la virginité. Le samedi 24 octobre 2004 est prévu avec un camarade membre du canal historique de Nanarland une après-midi intensive de visionnage de films de qualité cinématographique extrêmement relative. Au programme, que du lourd. Alien vs Predators, Pédale Dure, et en avant-goût, Alive de Frédéric Berthe. Dans cet incroyable pamphlet dont les résonances font encore trembler les bases de la démocratisation culturelle, Richard Anconina interprète un chorégraphe désireux de monter une comédie musicale avec des talents venus de partout, de la rue, tu vois. En dépit des efforts d’un vil producteur, décidé pour des raisons qui n’appartiennent qu’à lui à faire capoter le projet, un casting se monte avec la complicité de Mathieu, compositeur / caissier de supermarché refusant les sirènes de l’industrie du disque. Mathieu, vous l’aurez reconnu, n’est autre que Maxim Nucci. Il est inutile de s’en prendre à ses prédispositions approximatives pour la comédie, cela reviendrait à critiquer le disque de Paris Hilton. On peut en revanche apprécier la complaisance dans laquelle se vautre ce jeune (25 ans) beau gosse au brushing impeccable pour remodeler son image : celle d’un rebelle de Monoprix, autoproclamé intègre au dernier degré, exécutant (c’est le mot) des solos de guitare les yeux fermés sur des toits pour exprimer… des trucs. Et le film de se déployer dans toute la candeur positiviste et racoleuse de sa caution morale artistique : créer, c’est ce qu’il y a de plus beau, mais c’est encore mieux en alternant ballades même pas larmoyantes mais pleurnicheuses et bouillasse “funk“ aux paroles absconses (« La femme est l’avenir du futur / elle porte l’amour comme une blessure »). Pour vous achever, imaginez donc Anconina en chorégraphe hip hop et Christophe Willem en second rôle un peu comique.

Pour Maxim Nucci, en toute vraisemblance mercatique, ce devait être une rampe de lancement, mais ce fut exactement le contraire. Un suicide, un seppuku, Nicolas Sarkozy trahissant Chirac pour Balladur en 1995. Nucci a proposé son “univers“, et l’a même bariolé de sonorités dans le vent, mais personne n’en a rien eu à foutre. Il persévère dans la voie de la chanson exprimant… des trucs. Balance des singles comme Dis à l’amour ou La nuit c’est comme la mer. Devient pote avec Guillaume Canet, qui lui offre un tout petit rôle dans Ne le dis à personne, ce qui lui permet d’explorer encore un peu plus les limites de la mono-expressivité. En 2009, tout bascule : il “crée“ le personnage de Yodelice, « clown lunaire venu de Spookland », condensé vaguement conceptuel convoquant l’imagerie de tout un pan de la contre-culture bien rentré dans la norme, de Tim Burton à Bob Dylan. De la “folk-pop-rock nonchalante“, chanté en anglais, ce qui s’avèrera salutaire si d’aventure il se prend d’envie de redire que « La femme est l’avenir du futur ».

Ce virage sera sanctifié par l’apparition de Maxim Nucci dans Les Petits Mouchoirs de son ami Guillaume Canet. Il débarque au milieu des personnages arrogants et antipathiques de cette saga individualiste comme amant discret et timide de Marion Cotillard, guitare en bandoulière. Pressé par la meute de talents discutables mais indiscutés du cinéma français, il y pousse la chansonnette, toute vibe folkeuse pleurnicharde dehors. Le temps de cette respiration dans la pathétique médiocrité ambiante, Maxim se la joue Jeff Buckley, écorché vif, futur éconduit qui fascine son vaseux auditoire, qui d’une Cotillard évanescente, qui d’un Gilles Lellouche éructant un « Wow putain ». Objectivement, la scène ne sert à rien, si ce n’est à introniser le nouveau Maxim Nucci à la face de la France, que dis-je, du monde. Il a amorcé sa mue, se cale dans la bande originale du film aux côtés d’artistes comme Damien Rice ou Eels. Miracle du champ médiatique moderne, notre homme est devenu songwriter. Son univers est qualifié de “décalé“. Son personnage de scène est “original“. Sa musique est dans “l’air du temps“. D’un strict point de vue marketing, sans oublier son statut de bonne gagneuse, on ne peut qu’applaudir le petit tour de force de cette reconversion. On peut également gager que si sa carrière tourne court et que l’Eurodance revient à la mode, Maxim Nucci sera parmi les premiers à enfiler le lycra moulant. Avec à la clé, un featuring dans une scène de boîte de nuit dans Les Petits Mouchoirs 2.


27 commentaires:

English Tom a dit…

ah les avantages d'habiter outre-manche...
Je ne connaissais absolument pas Yodelice et apres la lecture de cet article suivi de l'ecoute d'un album du bonhomme, je me rend compte que j'etais finalement peutetre plus heureux avant. Ne pas connaitre l'existence de cette merde etait en realite salutaire. Comme pourrait dire une "chanteuse" du "groupe" L5: « Et bien je crois que je mourrirais un peu moins heureux parce que j’aurais ecoute Yodelice ».

Anonyme a dit…

DEPUIS QUAND BOB DYLAN ET TIM BURTON DE LA "CONTRE CULTURE" ??? TON ARTICLE EST POURRI DE LA DIARRHEE REDACTIONNELLE

Anonyme a dit…

j ai assisté au concert de yodelice foire aux vins de Colmar samedi 06/08/2011
et je pense que cet article manque surement un peu d objectivité il est certes plus facile d'écrire un article comme celui-ci que de s'exposer devant 10000 personnes qui te juge en live et oui chacun son talent et apparemment drexl en manque cruellement
jalousie?
a bon entendeur

Thierry a dit…

Pour ma part j'apprécie beaucoup qu'on aille un peu a l'encontre de tout ce supposé bon gout.Comparer le travail du critique musical et du musicien est un peu léger,pour qui prétend donner des leçons d'objectivité. Il ne s'agit pas je crois,dans cet article de savoir s'il est facile ou non de se produire devant 10 000 personnes. Ce n'est simplement pas le meme métier.Arretons un peu les convenances et la langue de bois. Maxime Nucci,alias Yodélice,peut vivre jusqu'au la fin de ses jours, d'avoir commis ce crime musical qu'est l'écriture de "Au Soleil",interprété et popularisé par Jennifer. Je crois que celà se passe de commentaire quant à l'intègrité artistique du garçon.
Jouer devant 10 000 personnes demande du travail,mais ne nécessite en aucun cas du talent. A bon Entendeur.

Anonyme a dit…

CRITIQUE MUSICAL C'EST AUSSI UN METIER EN EFFET !! MAIS TOI CERTAINEMENT PAS UN PROFESSIONNEL!
VA REVOIR TES FICHES, AU SOLEIL N'A JAMAIS ETE ECRIT PAR NUCCI. C'EST VRAI QUE CET ARTICLE EST POURRI, NON DOCUMENTE ET PUE LE REGLEMENT DE COMPTE.. Il T'A PRIS TA GONZESSE OU QUOI ???

Anonyme a dit…

En effet, Au Soleil n'as pas été écrit par M.Nucci. Et même si cela avait été le cas, quelle importance ?? il y a 10 ans au moins, depuis il a évolué..Ne vous inquiétez pas Mr.Le Critique Musical, vous aussi vous écrivez des conneries, mais dans 10 ans vous aurez peut être progressé.

Anonyme a dit…

un conseil, changez de métier !

Anonyme a dit…

Bon sang,le fan club de Yodélice a débarqué. Au secours!

Thierry a dit…

Je ne suis en aucun cas l'auteur de cet article et ne parle que pour moi. Merci de ranger votre ton de donneur de leçon. Il est évident que cet article se veut second degré et ironique,apparemment vous n'en avez pas beaucoup. J'ai pour ma part juste exprimé mon soutien face a un peu de critique de cette musique que tout la bonne pensée s'évertue a nous faire passer pour de la qualité,mais qui sent le produit marketing a plein nez. En effet il n'a pas commis au soleil,mais "serre moi" et notamment et réalise l'entièreté du troisième album de Jenifer, Lunatique en 2007,ce qui n'est pas si vieux. Il n'est pas question de progression,mais il s'agit pour moi de vraie supercherie.

Anonyme a dit…

ah ah ah
c'est vrai qu'on part de là quand meme.
Non c'est sur,c'est un bon Nucci
http://www.youtube.com/watch?v=LwNoGymrBIo

Anonyme a dit…

C'est qui le donneur de leçon ? j'ai pas tout compris !

Anonyme a dit…

je ne crois pas que "serre moi" ait été écrit par Nucci, NON PLU !!! et là c'est encore du 1er degré ???? vous parlez de ce que vous connaissez mal, en revanche vous connaissez bien le répertoire de Jenifer, vous êtes fan peut être ???

Thierry a dit…

Mais bon sang,on croit rever,et après vous n'avez pas l'impression de donner des leçons? Sur la page Wikipédia de Yodélice (http://fr.wikipedia.org/wiki/Yodelice) on lit ": sur l'album , Le Passage, il signe ainsi Chou boup, De vous à moi, Le passage, Ose, et le single Serre-moi." Non j'exècre Jennifer et tous les autres de cette catégorie de la musique française,c'est bien pour celà qu'il m'apparait important de souligner que c'est bien de ce réseau musical et variètochal nauséabond que vient Maxime Nucci.

Thierry a dit…

Enfin,je après avoir visionné la vidéo en lien de la personne qui a écrit le commentaire de 19h08,je vous invite à revoir cette vidéo de Maxime en solo. C'est effarant.
http://www.youtube.com/watch?v=LwNoGymrBIo

Anonyme a dit…

bon les gars moi je n'ai rien appris, pas convaincu, pas de critique argumentée et interessante... musicien et fan de Ben harper, je suis allé il y a 2 jours à Colmar, je suis revenu fan de yodélice loin trés loin des artifices marketing dont on l'accuse ici , n'en déplaise à l'auteur de l'article et son supporter énervé qui n'ont sans doute jamais été les voir en live et qui se servent de séquences "youtube" pour faire croire à leur "petite culture musicale". Rien à faire ici bonne nuit !

Brice a dit…

Alors plusieurs choses :

L'intitulé de la série "la fausse bonne musique en France" pointe le doigt sur un phénomène précis : celui où on veut nous faire croire que de la simple variété serait en définitive beaucoup plus que ça (du folk, de l'indé etc).
Et cette supercherie (voire escroquerie) est à la fois causée par les médias, les labels et les artistes.

En ce qui concerne Yodelice, c'est tout de même assez évident (et par ailleurs bien mis en avant dans l'article) : les L5, Jennifer, un navet total, voilà d'où vient ce type. Un chanteur de karaoké, un compositeur de supermarché, voilà ce qu'il est (si vous souhaitez défendre les L5 et Jennifer, libre à vous). Et, d'un coup, on lui fabrique un univers ultra-marketé. Car oui, il faut être soit complètement idiot, soit complètement puceau pour ne pas voir le côté artificiel de la chose.

Ceci étant, pourquoi sommes-nous autant en colère ? (et ce n'est ni de l'aigreur, encore moins de la jalousie, grands dieux). Tout simplement, parce que cette espèce de tolérance et d'acceptation de la plupart des observateurs envers Yodélice est scandaleuse et nuit à bon nombre d'artistes français qui mériteraient plus d'exposition. Nous n'avons rien contre la variété, mais les usurpateurs, ça nous fout la rage.

Anonyme a dit…

suis d'accord, cet article n'est pas une critique musicale. on apprend rien de nouveau mais l'auteur s'est fait plaisir...
au lieu de lire un déluge de conneries sur 2 minutes dans le film de Canet j'aurai préféré lire un avis musical sur les derniers albums, les concerts live, les victoires de la musique....le jugement est dépassé, bloqué aux début des années 2000. aucun intéret

Bob Denard a dit…

"DEPUIS QUAND BOB DYLAN ET TIM BURTON DE LA "CONTRE CULTURE" ???" << Lol relie l'article correctement avant de t'enerver!
Oui oui promis: Bob dylan, et meme Tim Burton, ont ete de la "contre culture" a une epoque donnee. Et comme le precise d'ailleur tres bien l'article: une " contre-culture bien rentré dans la norme" depuis.

English Tom a dit…

Ahlala les fans de Yodelice sont plus nombreux et beaucoup plus marrants que ceux de Julien Dore et Cocoon :-p

Le Roy Pompon a dit…

Quand on voit que Christophe Maé a été fait chevalier des Arts et des Lettres, on se dit que pourquoi pas, un jour, ce ramassis de dégénérés y arrivera aussi (d'après les prévisions, le 21 décembre 2012 précisément, entraînant ainsi la destruction du monde, qui aura préféré exploser que de devoir porter ça)...

Anonyme a dit…

"[...]Après trois pintes et une cigarette qui fait rire" vous en rediscuterez ?

Prenez exemple sur Yodelice: faites-vous des amis(utiles/intéressés?)pas la guerre !

kusmiju a dit…

Maxim nucci (sans e, parce qu'il le vaut bien), l'homme qui provoquait la polémique et la contestation :D
...Monde de merde, comme disait George Abitbol

Anonyme a dit…

Yodélice
C'est pas un yaourt de yoplay ça?...

Anonyme a dit…

ba il suffit de voir qu'un groupe comme the White Stripes a mis 8 ans pour voir ses albums sortir en France et on comprend l'ampleur du problème... Heureusement que les anglais sont là, parce qu'au niveau musical, la France est à la ramasse.

@Brice: je n'aurait pas mieux dit et j'approuve sans condition votre commentaire ^^

Anonyme a dit…

"DEPUIS QUAND BOB DYLAN ET TIM BURTON DE LA "CONTRE CULTURE" ??? TON ARTICLE EST POURRI DE LA DIARRHEE REDACTIONNELLE "

Cher anonyme, le terme de "contre-culture" en sociologie se rapporte à un mouvement qui se veut en marge de la culture officielle, donc de la norme. Bob Dylan dans sa période j'emmerdelasociété était bien un adepte de la contre-culture, puisqu'il rejetait la culture de masse. Même chose pour Tim Burton.
Leur statut de contre-cultureux est aujourd'hui contestable puisque rentré dans la norme, comme l'a souligné l'auteur de l'article.
Le terme de contre-culture ne veut pas dire anti-culture ou daube ou whatever.
Va t'acheter un manuel d'initiation à la sociologie de la culture merde.

John Nada a dit…

L'article traduit une certaine aigreur ? Certes... ceci dit je préfère un avis méchant que pas d'avis du tout. Personnellement, que des artistes fassent de la soupe, et que des gens apprécient cette soupe, je trouve ça un peu triste mais ça ne me bouleverse pas plus que ça. Ce qui est plus rageant en revanche c'est, comme l'a dit Brice, quand on nous présente cette variétoche comme s'il s'agissait des compos très personnelles d'un authentique artiste ayant son univers bien à lui et apportant un peu de fraîcheur et patati et patata...

Je ne vois rien de bien novateur chez Yodelice, rien de subversif, rien d'émouvant, rien de transcendant. Sa musique n'a rien de révolutionnaire (mais bon, qui peut se vanter du contraire ?), ses paroles encore moins (et là par contre il y a matière à se distinguer, et à afficher une vraie personnalité). Chez Yodelice, pas de discours contestataire, pas de poésie lyrique, pas de paroles trash et acidulées un peu marrantes, c'est juste super fade :

The more I look around
The more you're not beside me now
Making me a lonesome clown
The more I look into the crowd
The more I feel alone, alone, alone
Alone

Baby, baby, baby you're so sweet that I could weep
Though I know you walked away

Bref, j'appelle ça de la soupe 2.0 A mes yeux Yodelice n'est pas un imposteur ou un artiste incompétent, peut-être qu'il a la pêche sur scène (jamais vu en concert), c'est juste un musicien fade parmi tant d'autres qui meublent les programmes radio. Même bien emballée, la soupe reste de la soupe.

Anonyme a dit…

la soupe ça fait grandir

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