Okkervil River - I Am Very Far (2011, Jagjaguwar, 51 mns)
Eric F.
Will Sheff est communément ce qu'on peut appeler une tête à claque. Car le monsieur a un certain talent et semble vouloir nous le hurler jusqu'à ce que mort s'en suive. Incapable de faire preuve de retenue plus de deux minutes, Sheff éloigne de plus en plus son groupe des deux joyaux Don't Fall In Love With Everything You See et Down The River Of Golden Dreams.
Oh bien sûr, Okkervil River nous a gratifié de chouettes morceaux depuis, mais qu'est ce que les disques suivants l'intouchable duo auront eu du mal à convaincre sur la longueur.
C'est d'ailleurs le cas de ce disque, qui a le tort de très mal démarrer. Ses deux premiers morceaux, horripilants, nous font craindre le pire en nous rappelant d'un peu trop près le dernier Noah And The Whale : ne se serait-on pas quelque peu perdu sur le dance floor, les gars (The Valley) ? Et ces insoutenables violons ? Que s'est il passé ?
L'armada d'instruments convoquée pour ce disque annonçait un son massif et impressionnant. On restera grandement sur notre faim, la faute à des idées "aventureuses" qui contribuent largement à enlaidir l'ensemble. Qui ne manque pourtant pas de moments convaincants.
"L'idée de ce disque était d'amener mon cerveau dans des endroits où il refusait de se rendre. L'idée était de ne pas en avoir, me garder en état de confusion par rapport à ce que je faisais"a déclaré Will Sheff à propos d'I Am Very Far.
On a malheureusement pour lui l'impression que cette déclaration ressemble à un involontaire aveu d'impuissance. Car oui, tout aussi brillant songwriter qu'il soit, Will Sheff n'a pas réussi à trouver la sortie de son propre labyrinthe. Il n'en est pas passé loin sur des titres comme Show Yourself, brillament maîtrisé de A à Z, Rider, parfait de simplicité rock ou encore la chanson-idéale-pour-les-longues-virées-en-voiture qu'est Lay Of The Last Survivor.
Ce disque ne souffre malheureusement pas que de son entrée en matière et subit quelques sorties de routes spectaculaires imputables en grande partie à la débauche d'emphase de Sheff, parfois incapable de ressembler à autre chose qu'un insupportable pastiche sirupeux d'Arcade Fire.
Tel un enfant qui trépigne pour qu'on lui accorde une attention inconditionnelle, le leader d'Okkervil River semble plus devoir le triomphe critique d'I Am Very Far au crédit qu'on lui accorde qu'aux réelles qualités de ce disque, loin du chef d'œuvre annoncé un peu partout. Attention à ne pas terminer en solde négatif...
Le clip de Wake And Be Fine
01 The Valley
02 Piratess
03 Rider
04 Lay Of The Last Survivor
05 White Shadow Waltz
06 We Need A Myth
07 Hanging From A Hit
08 Show Yourself
09 Your Past Life As A Blast
10 Wake And Be Fine
11 The Rise
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