vendredi 19 août 2011

La Route du Rock : Samedi 13 Août 2011


Eric F.

La nuit à peine transformée en petit matin que ce Samedi annonce la couleur d'entrée : il faudra faire avec la pluie. Le ciel chargé de la veille nous le laissait déjà présager, le k-way sera l'objet indispensable de la soirée... Un comble pour les malchanceux Blonde Redhead qui n'avaient pu achever leur prestation malouine sept ans auparavant, la faute à une tempête dantesque restée dans les mémoires.

Comme la veille, le premier groupe de la soirée passera à la trappe. Pas de Still Corners pour Not For You donc. Maybe next time...

Comme la veille, le concert le plus impressionnant de la journée aura débuté aux environs de vingt heures. Alan Sparhawk et sa compagne Mimi Parker investissent la scène du Fort St Père, déjà trempée. Le couple est suivi de près par Steve Garrington à la basse et un imposant chevelu au clavier (déjà croisés avec Alan Sparhawk chez les costauds de Retribution Gospel Choir.) Sans prononcer un seul mot, Sparhawk triture allègrement sa Gibson Les Paul, son intro digne des moments les plus épileptiques de Neil Young. Low a décidé de frapper fort d'entrée avec son magistral I'm Nothing But Heart. Si la scène n'a rien d'une église, le distinctif son de cathédrale de l'ancien trio résonne merveilleusement bien. En un peu moins d'une heure et en se concentrant sur sa discographie récente (un C'mon dont on ne se lasse pas de chanter les louanges en tête), Low aura subjugué tant par les impressionnantes harmonies vocales du duo Sparhawk/Parker que par le refus du groupe de se conformer à l'étiquette slowcore, désormais bien trop étroite et réductrice. On notera l'enchainement Monkey / Silver Rider tous deux tirés de The Great Destroyer, et repris par Robert Plant sur son dernier album. Murderer, Canada, Try To Sleep, tous les plus beaux titres du répertoire récent du groupe seront passés en revue. Low se permettra juste un retour vers le Things We Lost In The Fire de 2001 avec le magnifique Sunflower et un Last Snowstorm Of The Year peu dénué d'ironie avec le redoublement de la pluie. Celle-ci aura incontestablement aidé ce concert à prendre toute son envergure, soulignant à merveille cette l'intensité presque palpable. On aura forcément trouvé le set bien trop court. Qu'importe, on se rattrapera avec délectation lors de la prochaine tournée hivernale du groupe qui passera par Lyon et Paris début Décembre.
Véritable "it group", Cults était attendu au tournant, tant par ses nombreux fans que par les critiques quelque peu soucieux de voir si le groupe allait pouvoir apporter un peu de vie par rapport à un album certes plaisant, mais ô combien figé. Première constatation, Cults a parfaitement réussi à maitriser son image, à tel point que Madeline Follin et Brian Oblivion ont du faire chavirer bien des cœurs. Cults connait sans doute ses morceaux sur le bout des doigts. Mais comme sur disque (et comme prévu) la magie n'opère qu'un temps, la faute à des chansons mélodiquement irréprochables, mais bien trop interchangeables. Le set du groupe new-yorkais aura donc été plaisant, mais n'aura pas pu justifier l'hystérie médiatique qui l'accompagne. Il va sans dire que la pléthore de groupes faisant de la musique rétro son fond de commerce (Best Coast, Beach House, ou encore Tennis, pour ne citer qu'eux) n'y est pas étranger non plus. La suite des aventures de ce duo glamour confirmera s'il s'agissait uniquement d'un feu de paille.

Du feu, les trois Blonde Redhead auraient sûrement voulu en voir un peu à l'heure de monter sur scène. La pluie ne s'étant toujours pas calmée, il ne fait aucun doute que le fiasco de leur dernier passage doit leur trotter dans la tête (le trio avait presque perdu tout son équipement avec l'inondation de la scène.) Pas bégueules pour un sou, les jumeaux Simone et Amedeo Pace et Kazu Makino nous resserviront quand même une bonne rasade de leurs morceaux de bravoure (Falling Man et In Particular en tête.) Le hic est qu'ils n'en auront pas oublié pour autant leurs derniers disques en date (23 et Penny Sparkle), ces chansons contrastant par leur mollesse feutrée, quelque peu inadaptée à cette heure de la soirée. Et puis il y a Kazu, encore et toujours sur le fil, sa courte robe blanche ne suffisant pas à compenser ses envolées vocales parfois crispantes. Dans les pires moments du concert, la frêle Japonaise nous fera penser à une Kim Gordon en bout de course (c'est dire.) Heureusement qu'Amedeo Pace aura eu droit de s'approcher du micro lui aussi... Malgré un morceau final extrêmement décevant, on gardera quand même un bon souvenir de ce concert, ne serait-ce parce que le groupe aura réussi à mener sa mission à terme. La pluie ne s'étant toujours pas calmée, vous connaissez la suite...
The Kills aura ensuite largement confirmé que son statut de tête d'affiche n'était rien d'autre qu'une énorme supercherie. Commençons par une note "légère" (il semblerait que l'info intéressait beaucoup de monde) : non, madame Jamie Hince, aka Kate Moss n'est pas venue tremper ses bottines dans la cité des corsaires. Cela ne suffira bien évidemment pas à justifier la pauvreté d'un concert dégoutant dans sa succession de clichés et de poses. Alors oui, le duo construit son set au fur et à mesure, mais que l'émotion qui s'en dégage sent le carton-pâte ! Incapable de sortir de ses gimmicks, The Kills ne nous offre plus aucune surprise. Sa deuxième prestation malouine nous avait mis la puce à l'oreille, la troisième fera office de triste confirmation. La soit-disante tension sexuelle dans les regards échangés entre Jamie Hince et Alisson Mosshart auront raison de notre patience. Direction le camping.

Les plus perspicaces d'entre vous auront donc compris que nous n'aurons pas assisté au set de Battles tant son option math-rock dansant nous laisse de marbre. Selon les échos récoltés ici et là, le groupe aura livré une prestation "grandiose". On s'en félicite pour eux...
Un peu plus en demi-teinte que la veille, et surtout beaucoup plus trempée, cette soirée nous aura quand même offerts de bons moments (Cults et Blonde Redhead), mais surtout confirmé toute la classe et la grace de Low, net vainqueur par ko. C'est l'esprit encore bercé par la prestation du groupe de Duluth que nous trouverons le sommeil, une nouvelle fois à une heure déraisonnable, trempés mais heureux.

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