mercredi 17 août 2011

La Route du Rock : Vendredi 12 Août 2011


Eric F.

Forte d'une indépendance jamais démentie, la Route du Rock proposait encore une fois cette année une programmation musicale aussi riche qu'exigeante. Entre révélations aux dents longues (Cat's Eyes, Still Corners) artistes confirmés (The Kills, Low, Mogwai) et groupes célébrant leur retour (Electrelane, Sebadoh), il y avait largement de quoi trouver son bonheur. Début des hostilités avec une journée du vendredi aussi alléchante que réussie.


Première bonne surprise, le temps. Redoutée toute la semaine, la pluie aura brillé par son absence, évitant ainsi de transformer l'enceinte magnifique du Fort St Père en piscine grandeur nature (ce qui n'était évidemment que partie remise au lendemain.) Le site ne propose pas de grande innovation majeure, le festivalier habitué aux voyages malouins prendra donc aisément ses repères.

On passera sur l'ouverture du festival par Anika, puisque, soyons honnêtes, nous ne l'avons tout simplement pas vue. Il semblerait que nous n'ayons rien loupé, au dire de certains, regrettant une prestation bien morne, malgré la présence des membres de Beak et une setlist basée sur des reprises de classiques.

Des classiques, Sebadoh en a à la pelle et n'a pas manqué de nous les offrir. Visiblement en pleine tractations avec l'équipe technique juste avant le début du concert, le trio oublie tout dès le démarrage. Disposés tous les trois en bord de scène, les Sebadoh commencent fort d'entrée de jeu avec un Magnet's Coil catapulté vite fait bien fait. Sous ses airs d'éternel étudiant, Lou Barlow est manifestement en forme. La suite du concert verra les tubes succéder aux tubes, Lou Barlow et Jason Lowenstein se partageant le micro à tour de rôle. Option rock indé pour Barlow, orientation plus hardcore pour Lowenstein. On se dit alors que toutes les reformations devraient ressembler à celle-ci. Le temps où le groupe était capable de complètement passer à travers d'un set semble désormais à des années lumières. On pardonnera aisément un License To Confuse un peu tendre par rapport à sa version discographique tant les Freed Pig, Beauty Of The Ride, Careful et autres Mind Reader assurent le spectacle, bien aidés par une sono au top (ancien problème recrurent du festival.) Après cinquante minutes d'un set sans temps mort, le constat est assez cruel pour le reste des groupes programmés, mais il faudra frapper très fort pour concurrencer Sebadoh.

Autre groupe récemment reformé, les Anglaises d'Electrelane débarquent en terrain conquis, recevant une belle ovation dès leur arrivée sur scène. Tout en faisant abstraction des lourdeaux avinés qui ne peuvent se retenir de brailler des 'A POOOOOOIL !!!" d'un goût très sûr, on se prend une entame de set idéale en pleine poire. Certes, Bells et Two For Joy se ressemblent quelque peu (comme beaucoup d'autres chansons du quatuor de Brighton souligneront leurs détracteurs) mais suffisent largement à mettre l'ambiance. La chanteuse Verity Susman, très concentrée, mis à part, les anglaises ne masquent pas leur plaisir d'être présentes, à l'image d'une Ros Murray toute en sourires. Délaissant No Shout, No Calls (dernier album en date), Electrelane se concentre principalement sur Axes et The Power Out, album qui les révéla au grand public, sans oublier la reprise du I'm On Fire de Bruce Springsteen et celle, plus étonnante, du Smalltown Boy de Bronski Beat. Quelque peu convenue, la cover du groupe de Jimmy Sommerville parviendra finalement à décoller grace à l'accélération lancée par un Mia Clarke toujours aussi ravissante. Versant au final assez peu dans l'expérimental (contrairement à la prestation du groupe en 2007), le concert d'Electrelane aura tenu toutes ses promesses. A l'instar de Sebadoh, il ne reste plus qu'à souhaiter que tout cela se traduise par de nouvelles aventures discographiques.
Ça sera aux Écossais de Mogwai de prendre le relais. Véritables vétérans du festival (troisième participation), Stuart Braithwaite et sa bande se lancent sans grande surprise dans un White Noise qui étonnera pourtant par sa puissance, comparé aux concerts auxquels nous avons pu assister cette année (Lyon et Barcelone.) La setlist changera malheureusement peu par rapport aux dits concerts. Qu'importe tant la prestation scénique de Mogwai aura semblé vouloir renouer avec les averses de décibels du passé. Le passé, Stuart Braithwaite y fera référence en introduisant un 2 Rights Make 1 Wrong comme une chanson "déjà jouée lors de notre premier passage à la Route du Rock" il y à déjà dix ans. Les nostalgiques auront également droit à un Mogwai Fear Satan qui semble bien être le morceau incontournable des sets du groupe. Heureusement que Mogwai n'a jamais été avare en réarrangements, évitant ainsi à leur étendard de plomber le concert. On a donc beau savoir à la seconde près quand on va s'en prendre plein les oreilles que la recette ne fonctionne pas moins. Et si les membres du groupe semblent de plus en plus interchangeables physiquement, cela n'en souligne que mieux leur complémentarité. Tant pis pour ceux qui attendaient des Christmas Steps ou autres Helicon 1, les morceaux récents (San Pedro, I'm Jim Morrison, I'm Dead ou Rano Pano) auront assuré la relève. Et même Batcat, pourtant bien épais sur disque, aura clôturé ce concert avec brio.
Après toutes ces émotions, une pause est la bienvenue, celle-ci au détriment de Suuns. Du peu que l'on aura entendu, pas de regrets à avoir, notre poulet au curry était bien plus appétissant.
Dernier artiste de la soirée, le très attendu Aphex Twin aura plus que déçu, si on se fie aux avis des spécialistes : "tapante de bas étage", "techno cheap" j'en passe et des meilleurs... Richard James aurait donc livré un set de fainéant. Fatigués et passablement saouls, nous ne serons pas du tout tombés dans la combine de la figure emblématique du label Warp. Son "concert" étant donc à ranger au rayon "têtes d'affiches ultra décevantes" (je ne vise personne les Smashing Pumpkins...)
Mais point d'esprit chagrin. Grâce à un temps clément, un public enthousiaste et surtout trois concerts mémorables, la Route du Rock ne pouvait mieux planter le décor pour son vingtième anniversaire.

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