Sebadoh - Bakesale (2011, Domino, 93 mns)
Eric F.
A l'instar des camarades Pavement, Sonic Youth ou encore Jon Spencer Blues Explosion, Sebadoh reprend son entreprise de rééditions. Cette fois-ci, c'est au tour de Bakesale de subir un relifting. Et si ce disque n'est pas le meilleur de Sebadoh, il n'en reste pas moins un des plus intéressants de la discographie du groupe.
Publié à peine un an après l'excellent Bubble & Scrape, Bakesale offre une face beaucoup plus compacte de son talent. Pour la première fois depuis le début de sa carrière, le trio n'a pas enregistré un disque avec les pieds. Une avancée considérable quand on voit la puissance qui se dégage de la plupart des morceaux de Bakesale. Il faudra d'ailleurs à ce titre revenir une bonne fois pour toute sur ce statut de "Pavement du pauvre" qu'on a beaucoup trop souvent collé à Sebadoh, pour les pires raisons. Ne serait-ce parce que les morceaux de Stephen Malkmus étaient, et seront toujours, incapables de rivaliser avec la violente spontanéité des confidences intimes de Lou Barlow (le premier qui parle d'Emoh sans le "h" va passer un sale quart d'heure, croyez moi.) Ajoutez à celà le fait que Spiral Stairs soit un sidekick beaucoup moins impliqué que Jason Lowenstein question songwriting et les comparaisons deviennent tout de suite caduques.
Bakesale est sorti à une époque charnière pour Sebadoh, suite au départ du batteur Eric Gaffney, las des excès de la vie d'un groupe en tournée. Le remplaçant, Bob Fay, prit alors sa place sans pour autant avoir chapitre aux compositions du groupe (Temptation Tide mise à part.) Le résultat fut finalement bénéfique à la cohésion du groupe, car Bakesale est indéniablement le disque le plus homogène que Sebadoh ai jamais sorti. S'éloignant quelque peu de titres à fleur de peau comme les Soul & Fire et Think (Let Tomorrow Bee) de l'album précédent, Lou Barlow se fera plus imagé (le bien nommé Dreams) et s'appliquera plus à maltraiter sa Gibson qu'à passer pour un indécrottable nerd romantique.
Ca n'est clairement pas un hasard si le disque s'ouvre sur License To Confuse, véritable uppercut de moins de deux minutes, porté par un riff qui a clairement envie d'en découdre et une accélération finale fulgurante. Si Barlow semble donc avoir muscler, Jason Lowenstein a lui pris le soin de réfléchir plus de deux minutes avant de se lancer dans la composition de ses chansons. Les 4 démos en fin de disque 2 en sont la parfaite illustration, tant on peine à croire qu'il s'agit bien du bassiste longiligne sur Careful, enregistré avec Tara Jane O'Neil à la batterie.
Au final, les deux styles radicalement opposés des deux membres permanents du groupe finissent par se rapprocher, à tel point qu'on pourrait parfois se tromper sur l'identité de l'auteur de certains morceaux. Si cette cohérence est assurément le point fort de Bakesale, il ne faut pas non plus oublier de souligner à quel point ce disque compte de pépites (Not A Friend, Careful, Together Or Alone, et j'en passe) allant même jusqu'à se payer le luxe de compter en ses rangs deux efficaces jumeaux (Rebound et Magnet's Coil.) Et comme Sebadoh aime visiblement les choses bien faites, le second disque propose tous les morceaux sortis à l'époque, comme le 4 Song CD EP, les faces b des singles de l'époque, l'excellent Social Medicine en tête. Et même des versions acoustiques de chansons qui se retrouveraient sur Harmacy (On Fire et Willing To Wait). Un menu sacrément copieux (et pas indigeste.)
Définitivement un album de transition, Bakesale se faisait le signe avant coureur d'une ligne conductrice beaucoup plus sophistiquée (les deux albums suivants, Harmacy et The Sebadoh peuvent largement en témoigner) reléguant les épisodes lo-fi du groupe aux oubliettes. Mais on retiendra surtout de Bakesale sa formidable énergie rock à une époque où le monde entier pleurait la mort de Kurt Cobain...
Disc 101. License To Confuse
02. Careful
03. Magnet's Coil
04. Not A Friend
05. Not Too Amused
06. Dreams
07. Skull
08. Got It
09. Shit Soup
10. Give Up
11. Rebound
12. Mystery Man
13. Temptation Tide
14. Dramamine
15. Together Or Alone
Disc 2
01. MOR Backlash
02. Not A Friend (4-track version)
03. Foreground
04. 40203
05. Mystery Man (4-track version)
06. Drumstick Jumble
07. Lime Kiln
08. Fancy-Ass/Destitute
09. Perfect Way (4-track version)
10. Give The Drummer Some
11. Cementville
12. Social Medicine
13. On Fire (acoustic)
14. Magnet Coil (acoustic)
15. Rebound (acoustic)
16. Punching Myself In The Face Repeatedly Publicly
17. Sing Something/Plate Of Hatred
18. Ill Screams
19. Monsoon
20. Rainbow Farm
21. Hank Williams
22. Careful
23. Dramamine
24. Not Too Amused
25. Shit Soup
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