Arctic Monkeys : Suck it and see (Domino, 2011, 40 mn)
Nathalie L.
En l'espace de 6 ans, les Arctic Monkeys se seront installés durablement dans le paysage musical, et Alex Turner, du haut de ses 25 ans, s'est imposé comme un leader discret, loin de l'hystérie collective qui a accompagné les premiers pas du groupe. C'est peut-être d'ailleurs cette réserve qui n'a pas permis à ce groupe d'être réellement convaincant sur scène, malgré une incroyable section rythmique et la puissance des morceaux. Ou bien, il s'agit du décalage entre un songwriter cérébral et un public de midinettes, miroir aux alouettes dans lequel il aura refusé de tomber.
En 2005, c'est avec un premier single ravageur, I bet you look good on the danceflor, et par un Myspace à peine né, qu'ils débouleront dans nos oreilles. Du haut de leurs 18 printemps, ces jeunes gens, Alex Turner en tête, affichaient une maturité artistique étonnante. Leur premier album Whatever people think I am,that's what I'm not , enfilait une série de hits imparables, renouant avec les Jam, les Undertones...Et s'inscrivant en même temps, rien que çà, dans la lignée des grandes plumes anglaises du Nord de l'Angleterre que sont Morrissey et Jarvis Cocker ; à l'ombre de la figure tutélaire de Ray Davies, Alex Turner peignait la vie à Sheffield, capital du Yorshire, vu du comptoir du pub, ou du bord du dancefloor, à regarder les jeunes filles qui dansent autour de leur sac à main (comme dans le clip Disco 2000 de Pulp).
Loin de s'endormir sur leurs lauriers, deux ans plus tard ils reviennent avec un single radicalement différent, l'explosif Brainstorm, et un album en montagnes russes rassemblant hit teenage (Fluorescent Adolescent), machine à danser (Teddy Picker) et classique immédiat (Balaclava). My favourite worst nightmare sera aussi le point de départ d'une collaboration fructueuse avec le génial James Elis Ford (tête pensante de Simian) et d'un coup de foudre, celui de Josh Homme.
De ce coup de foudre, et d'un passage au Rancho de la Luna, naîtra un troisième album Humbug, qui laissera certes quelques fans sur le bord de la route, mais affirmera, une nouvelle fois, une insolente maturité artistique. Le ton est différent, la chronique social du jeune lads du Yorshire est abandonné pour des paroles plus abstraites. La rythmique se fait plus lourde, les guitares plus appuyées. Les chansons sont moins évidentes mais addictives (il n'y a qu'à réécouter Cornerstone ou Secret door pour s'en convaincre).
Comme Whatever... avait ouvert la porte à My favourite..., Humbug sera le passeur indispensable qui aura donné ce quatrième opus, le bizarrement nommé Suck it and see (référence évidente et un peu potache au warholien Peel it and see ).
Ce quatrième album est un disque apaisé, laissant place aux qualités de compositeur et de chanteur d'Alex Turner et de son délicieux accent du Yorkshire (où l'on prononce dun't pour don't). Le disque démarre sur le smithien She's thunderstorms où l'on croirait entendre Morrissey, celui de Viva Hate.
L'album alterne délicatesse (dont le diaphane Piledriver waltz que l'on trouve sur le BO du film Submarine), introspection (Love is a laserquest), émotion à fleur de peau (Suck it and see it). Les accès de fièvre sont parfaitement maîtrisés, du brillant single Don't sit down cause I move your Chair au stoner Brick by Brick. Et l'expérience Last Shaddow Puppets aura permis à Alex Turner de maîtriser les codes 60's à l'oeuvre dans le kinkiens The hellcat spangled shalala.
James Ford une fois de plus s'affirme comme un producteur brillant, au service de ce disque qui aura probablement quelques chroniques tièdes, Arctic Monkeys se montrant là sur un jour relativement nouveau. Relativement, car les racines des chansons proposées ici sont bien dans dans les trois albums précédents. Suck it and see est un disque de rupture et de continuité, résolument moderne et solaire.
Un de ceux qui peuvent tourner en boucle, montrant un peu plus à chaque passage la qualité intrinsèque des 12 chansons qui le compose, y compris celles qui d'un premier abord semblaient les plus faibles.
A écouter sans modération.
En 2005, c'est avec un premier single ravageur, I bet you look good on the danceflor, et par un Myspace à peine né, qu'ils débouleront dans nos oreilles. Du haut de leurs 18 printemps, ces jeunes gens, Alex Turner en tête, affichaient une maturité artistique étonnante. Leur premier album Whatever people think I am,that's what I'm not , enfilait une série de hits imparables, renouant avec les Jam, les Undertones...Et s'inscrivant en même temps, rien que çà, dans la lignée des grandes plumes anglaises du Nord de l'Angleterre que sont Morrissey et Jarvis Cocker ; à l'ombre de la figure tutélaire de Ray Davies, Alex Turner peignait la vie à Sheffield, capital du Yorshire, vu du comptoir du pub, ou du bord du dancefloor, à regarder les jeunes filles qui dansent autour de leur sac à main (comme dans le clip Disco 2000 de Pulp).
Loin de s'endormir sur leurs lauriers, deux ans plus tard ils reviennent avec un single radicalement différent, l'explosif Brainstorm, et un album en montagnes russes rassemblant hit teenage (Fluorescent Adolescent), machine à danser (Teddy Picker) et classique immédiat (Balaclava). My favourite worst nightmare sera aussi le point de départ d'une collaboration fructueuse avec le génial James Elis Ford (tête pensante de Simian) et d'un coup de foudre, celui de Josh Homme.
De ce coup de foudre, et d'un passage au Rancho de la Luna, naîtra un troisième album Humbug, qui laissera certes quelques fans sur le bord de la route, mais affirmera, une nouvelle fois, une insolente maturité artistique. Le ton est différent, la chronique social du jeune lads du Yorshire est abandonné pour des paroles plus abstraites. La rythmique se fait plus lourde, les guitares plus appuyées. Les chansons sont moins évidentes mais addictives (il n'y a qu'à réécouter Cornerstone ou Secret door pour s'en convaincre).
Comme Whatever... avait ouvert la porte à My favourite..., Humbug sera le passeur indispensable qui aura donné ce quatrième opus, le bizarrement nommé Suck it and see (référence évidente et un peu potache au warholien Peel it and see ).
Ce quatrième album est un disque apaisé, laissant place aux qualités de compositeur et de chanteur d'Alex Turner et de son délicieux accent du Yorkshire (où l'on prononce dun't pour don't). Le disque démarre sur le smithien She's thunderstorms où l'on croirait entendre Morrissey, celui de Viva Hate.
L'album alterne délicatesse (dont le diaphane Piledriver waltz que l'on trouve sur le BO du film Submarine), introspection (Love is a laserquest), émotion à fleur de peau (Suck it and see it). Les accès de fièvre sont parfaitement maîtrisés, du brillant single Don't sit down cause I move your Chair au stoner Brick by Brick. Et l'expérience Last Shaddow Puppets aura permis à Alex Turner de maîtriser les codes 60's à l'oeuvre dans le kinkiens The hellcat spangled shalala.
James Ford une fois de plus s'affirme comme un producteur brillant, au service de ce disque qui aura probablement quelques chroniques tièdes, Arctic Monkeys se montrant là sur un jour relativement nouveau. Relativement, car les racines des chansons proposées ici sont bien dans dans les trois albums précédents. Suck it and see est un disque de rupture et de continuité, résolument moderne et solaire.
Un de ceux qui peuvent tourner en boucle, montrant un peu plus à chaque passage la qualité intrinsèque des 12 chansons qui le compose, y compris celles qui d'un premier abord semblaient les plus faibles.
A écouter sans modération.
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