dimanche 19 juin 2011

Un retour éternel : The Feelies, Here Before

The Feelies : Here Before (2011, BarOne Records, 45 mn)
Nathalie L.

Il y a deux ans, quelques signes avant-coureurs annonçaient un éventuel retour des Feelies, groupe mythique pour une génération de musiciens et d'amateurs d'indie-rock. Quelques concerts en première partie de Sonic Youth (Steve Shelley est un grand fan du combo d'Hoboken) , une réédition des deux premiers albums, le nerveux Crazy Rythm et le bucolique The good earth...Remis les pieds à l'étrier, Glenn Miller et Bill Million décidèrent de donner un successeur au quatrième album, sorti en 1991.


Les Feelies ont toujours été un groupe inclassable : fondés à la mitan des années 70, à Hoboken, petite ville du New-Jersey (qui verra aussi naître Yo la Tengo, quelques années plus tard), ils resteront coincés entre deux mouvements musicaux, le post-punk déjà et la scène no-wave émergente. Si parenté il fallait trouver, à l'époque on aurait pu plutôt regarder vers l'Australie des Goo-Betweens.
Pourtant, leur premier disque, Crazy Rythm (avec sa pochette bleue et ses 4 garçons façon nerds à lunettes), est un classique, un incontournable du début des années 80. Mickael Stipe a toujours indiqué qu'ils étaient l'influence première de REM (Peter Buck produira d'ailleurs The Good Earth ).
Autant dire que ce nouvel opus crée de l'envie et de l'inquiétude. De l'envie de retrouver cette manière si particulière de composer qui est la leur. De l'inquiétude devant le risque du démodé, du dépassé.
L'ensemble de ces questions est vite chassé par l'inaugurale Nobody Knows, une merveille pop, chassé croisé de guitares cristallines et tendues, rythmique en or (quelle basse !), et voix profonde et grave à faire pleurer de jalousie le vieux Lou Reed (l'influence du Velvet est d'ailleurs directe sur cet album).
Une force mélodique habitent chacune des treize chansons de cet album, avec une mention spéciale pour Morning Comes ou encore Bluer Skies. Les guitares sont superbes, le temps leur est laissé de s'exprimer, pas de carcan ici du format radio (3 minutes chrono) mais pas non plus de tricotages inutiles. Les morceaux sont parfaitement arrangés, parfaitement composés pour marquer durablement l'oreille.
Ce disque n'est pas le point d'orgue de la renaissance d'un grand groupe, mais juste la poursuite d'une histoire commencée il y a 30 ans dont le court est repris avec beaucoup d'humilité, de simplicité, et de talent. "Time is right", comme ils l'écrivent si justement.

"Je reviendrais, avec ce soleil et cette terre, avec cet aigle et ce serpent, - non pour une vie nouvelle, ou une meilleure vie, ou une vie ressemblante ; - à jamais je reviendrais pour cette même et identique vie, dans le plus grand et aussi bien le plus petit, pour à nouveau de toutes choses enseigner le retour éternel "
(Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche)

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