WU LYF - Go Tell Fire To The Mountain (2011, LYF Recordings)

WU LYF - Go Tell Fire To The Mountain (2011, LYF Recordings, 47 mns)
Eric F.

La toute récente sortie de Go Tell Fire To The Mountain est la dernière incarnation en date du sacro-saint Buzz. Pour les semaines à venir, le groupe qu'il sera de bon ton de caser au cours d'une conversation serait donc WU LYF. Soit World Unite Lucifer Youth Foundation. Soit quatre gamins (19 ans de moyenne d'âge) de Manchester, visiblement plus enclins à danser sur les cendres des gloires de la ville anglaise que de les chérir religieusement.

Auréolés d'une réputation scénique plus que flatteuse, les quatre Anglais semblent pourtant avoir tout fait pour que le succès n'arrive jamais (à moins que...) : refus d'interviews, peu de photos du groupe, refus de premières parties dites "prestigieuses". Pour vivre heureux, vivre caché. Sauf que dès la sortie de son premier maxi, WU LYF a fait parler de lui, créant ainsi une belle attente face à ce Go Tell Fire To The Mountain.
La puissance d'un morceau comme LYF laissait entrevoir d'imposantes qualités, le groupe instaurant une atmosphère et une approche pour le moins originale en mélangeant des nappes ressuscitant le cadavre du post-rock avec une raideur quasi martiale. La question, identique à celle qu'on s'était posé lors de la sortie de The Fool de Warpaint (dont Go Tell Fire To The Mountain semble être le pendant masculin et britannique), était donc de savoir si WU LYF allait pouvoir tenir sur la distance.
La réponse, contrairement à ce que veulent bien laisser entendre les girouettes, est oui. Et comment. Voilà un groupe définitivement sincère qui réussit l'exploit de ne pas être la simple opportuniste somme de ses influences. Car WU LYF ne ressemble à aucun autre groupe actuel. On laissera de côté les inévitables références à à peu près tout ce qui a pu marcher à Manchester ces trois dernières décennies, énervantes de systématisme. C'est d'ailleurs faire insulte au groupe et sa faculté d'invention. On les imaginait mal capables de nous faire danser par exemple. We Bros y arrive pourtant de remarquable manière, comme si Explosions In The Sky et Arcade Fire rentraient en collision.
Tant pis pour le cliché, mais on traverse ce disque comme un labyrinthe, sans vraiment savoir où on met les pieds, ni où cela va nous mener. On ne fait pourtant pas un pas en arrière, comme hypnotisé par cet orgue imposant qui réduit les autres instruments en fournisseurs atmosphériques pendant que la voix fait à peu près tout sauf chanter. Ça n'est bien sûr pas la solution la plus évidente pour le confort de l'auditeur. Mais c'est ainsi que WU LYF parvient à devenir si fascinant. Cette scansion aussi désinvolte qu'intraitable finit rapidement par obséder, à tel point qu'on en oublierait presque de jeter une oreille aux paroles.

On se prend déjà à rêver de concerts enflammés où on se fera sans aucun doute remuer par cette cathédrale sonore que rien ne semble capable d'arrêter pour le moment. On ne sait absolument pas si WU LYF parviendra à tenir sur la distance, mais sa fanfare hallucinée a pour l'instant le monde à ses pieds.

01 LYF
02 Cave Song
03 Such A Sad Puppy
04 Summas Bliss
05 We Bros
06 Spitting Blood
07 Dirty
08 Concrete Gold
09 14 Crowns For Me & Your Friends
10 Heavy Pop