lundi 27 juin 2011

Daniel Clowes : Mister Wonderful

Daniel Clowes : Mister Wonderful (édition Cornelius, collection Solange, 77 pages)
Nathalie L.

Daniel Clowes est un des piliers de la maison d'édition Fantagraphics, qui lui doit une de ses plus belles réussites avec l'excellent Ghost World (adapté à l'écran en 2001 par Terry Twigoff). Publié au départ dans les Funny Pages du New-York Times durant l'année 2008, les aventures de Marshall ont été compilées, augmentées par l'auteur d'une trentaine de planches et enfin traduites en français, soigneusement éditées par Cornelius dans sa belle collection Solange, sous le titre Mister Wonderful.

Maniant avec génie des univers centrés sur la difficulté à vivre, les héros de Daniel Clowes ont du mal en général à passer des étapes (l'adolescence, la mort d'un proche, la rupture) ; de vrais handicapés émotionnels avec une incapacité à communiquer distinctement.
Après Willson, Daniel Clowes nous fait partager le quotidien de Marshall, d'un âge incertain mais vieillissant, divorcé à qui des amis proches ont organisé un rendez-vous galant, avec celle qui se révèle être son double au féminin.
L'humour est grinçant, les situations sombres mais le procédé narratif vient rompre cette impression de déjà lu : au dialogue se superpose les méandres de l'esprit tordu de Marshall, avec des bulles composées des non-dits (auto-complaisance et au-dénigrement se bousculent joyeusement), où encore l'apparition d'un petit personnage genre de mauvais génie pour notre pauvre anti-héros, bien incapable de prendre une décision quelconque.
Une fois plus, Daniel Clowes arrive à nous embarquer dans cette histoire de loser magnifique qui se lit d'une traite. Magistral.


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