jeudi 15 septembre 2011

Wild Flag - Wild Flag (Merge, 2011)

Wild Flag - Wild Flag (Merge, 2011, 40 mns)
Eric F.

Sortie en 1999, la seule production discographique à ce jour de The Spells (le The Age of Backwards E.P.) n'avait pas fait couler beaucoup d'encre à l'époque. Et ce malgré le pédigrée de son line-up, composé de Mary Timony et Carrie Brownstein. Il en est d'une toute autre paire de manche en ce qui concerne le nouveau projet des anciennes membres d'Helium et Sleater-Kinney.

Il faut dire qu'on n'avait plus eu de nouvelles de Mary Timony depuis quatre ans (quelques albums solo post-Helium moyennement convaincants, une collaboration avec Chino Moreno, puis plus rien) et que Wild Flag est également le premier projet musical d'une Carrie Brownstein fortement attendue au tournant depuis la mise en hiatus de Sleater-Kinney. Completé par Janet Weiss (Sleater-Kinney) à la batterie et Rebecca Cole (The Minders) au clavier, Wild Flag aura donc été affublé du statut de super-groupe avant même qu'on entende la moindre note.
Si on ne peut pas dire que cet album surprendra énormément (serait-ce Carrie Brownstein à la tête d'Helium ou Mary Timony menant Sleater-Kinney?) on ne peut pour autant nier son aspect hautement addictif. On ne s'étonnera pas une seule seconde que les guitares soient de sortie, mais elles ne font pas moins un magnifique vacarme. On avait quitté Sleater-Kinney sur The Woods, un disque abrasif qui semblait avoir un seul objectif, à savoir réaliser le disque de guitar-héroisme ultime après lequel Stephen Malkmus court sans relache depuis la fin de Pavement. Si son récent Mirror Traffic semble indiquer qu'il a lâché l'affaire, Wild Flag s'est contenté de poursuivre sa quête, pour des résultats dépassant largement les attentes.
Le succès du groupe réside incontestablement dans la faculté qu'il a eu à intégrer Mary Timony dans cette équation. On ne pensait pas vraiment que l'ancienne Helium pourrait un jour nous resservir des morceaux du calibre de ceux de son The Magic City de 1997, mais force est de constater qu'elle signe les morceaux les plus entêtants de l'album. On pense par exemple au jouissivement pop Electric Band ("Run if you can, here comes the electric band") qui se rapproche le plus de son ancien groupe. Et que dire de ce Glass Tambourine, véritable démonstration de rock accrocheur et psychédélique qui aurait largement pu s'étirer au delà de ses cinq minutes.
Carrie Brownstein n'est pas en reste pour autant. Elle signe d'ailleurs le premier single du disque, un Romance enlevé et garni d'un break dont les handclaps feraient presque passer Wild Flag pour une version garage des Pipettes. Inutile de préciser que les détracteurs de sa voix parfois stridente s'en donneront une nouvelle fois à cœur joie (on ne leur donnera pas tort sur Boom, à la rigueur.) Son jeu de guitare ne souffre quant à lui d'aucune contestation. A la voir se démener sur scène, Gibson SG en bandoulière, Carrie Brownstein évoque de plus en plus une version indie chick de Pete Townshend.
On ne poussera pas jusqu'à comparer Janet Weiss à Keith Moon, mais il faut bien reconnaitre que le poids des ans ne semble avoir aucune prise sur sa redoutable force de frappe, qui apporte une assise impeccable à Wild Flag. La batteuse, archi-fan des Beatles, en a d'ailleurs profité pour se laisser aller à son péché mignon, les harmonies vocales. Rebecca Cole l'épaule d'ailleurs avec succès, tout en gérant des claviers brillants de sobriété.

Si les quarantes minutes de ce disque semblent en durer vingt, c'est bien par la grâce de chansons intouchables et enthousiasmantes qui laissent facilement deviner le plaisir qu'à pris le groupe en studio. Le retour aux affaires de Sleater-Kinney pour donc attendre tant on sent que Wild Flag est bien plus que le disque le plus excitant de cette rentrée musicale...

01. Romance
02. Something Came Over Me
03. Boom
04. Glass Tambourine
05. Endless Talk
06. Short Version
07. Electric Band
08. Future Crimes
09. Racehorse
10. Black Tiles




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